Le petit déjeuner leur fut servi aux aurores. Elle lui demanda ses préférences et le servit au lit, avant de venir s'allonger tout contre lui. C'est alors que les premières claques tombèrent, d'abord sur sa fesse droite. Toutes au même endroit. Toutes aussi fortes. La douleur qu'elle en ressentait grandissait de manière exponentielle, chaque claque devenait de plus en plus insupportable. Au moment où elle s'apprêtait lui demander grâce, il changea de cible et la fesse gauche subit le même châtiment. Devait-elle lui dire qu'il ne devrait pas la frapper toujours au même endroit, que cela lui faisait vraiment trop mal ? Bien sûr que non. Elle n'avait pas le droit de dire ce genre de chose. Elle n'avait pas le droit de remettre en cause, ni ses décisions, ni ses actions, surtout pas quand ils s'agissait de punitions... et aujourd'hui était le jour où elle devait être punie pour toutes ses fautes passées, celles qui peuplaient les pages de son carnet. Elle se tût et endura sa punition, mais éprouva un immense soulagement lorsque les claques cessèrent enfin. Elle se soumit à lui sans qu'il le lui demande, parce qu'elle en avait envie, parce qu'elle se sentait à sa place, ainsi. Elle ne fut ni pénétrée, ni caressée. Elle n'avait pas le droit au plaisir. Aujourd'hui, elle était punie...
Avant qu'il ne parte au travail, alors qu'ils s'embrassaient sur le canapé, il lui glissa dans l'oreille d'un air grave, qui aurait presque pu paraître contrarié à quelqu'un d'étranger à leur relation...
« Ce soir, je vais te corriger sévèrement, Amandine. Tu l'as mérité, tu le sais ? »
« Oui, mon Seigneur, je l'ai méritée » lui répondit-elle, de cette petite voix d'enfant qui apparaissait souvent dans leurs jeux.
« En attendant, je veux que tu ailles t'allonger sur le lit. Tu m'as bien compris ? »
« Oui, Monsieur. »
Elle se leva et regagna la chambre ou elle s'allongea sur le dos, sans réellement se douter de ce qui l'attendait. Il la rejoignit et la regarda de ses grands yeux si tendres qui démentaient toujours la dureté de ses propos...
« Hier, tu m'as tutoyé, n'est-ce pas ? »
Un « regarde » au lieu de « regardez » lui avait effectivement échappé lorsqu'ils regardaient ensemble Glenn Gould jouer du piano, assis sur une chaise. Quelle étrange position avait ainsi prise le maestro! Elle s'était aussitôt reprise et avait demandée pardon de la manière la plus contrite possible, mais son Maître n'avait pas acceptée ses excuses. Pour lui, le tutoiement était la faute la plus grave qu'elle puisse commettre, celle qui pouvait justifier qu'il mettre un terme définitif à leur relation. Il le lui avait clairement signifié et s'il ne comptait pas mettre cette menace à exécution dans l'immédiat, elle savait néanmoins qu'elle en serait sévèrement punie.
« Qu'est-ce que tu mérites ? » continua-t-il, impitoyable...
« Une fessée sévère, Monsieur ».
« Comment ? »
« Avec votre ceinture, Monsieur ».
Elle le regarda, mi-apeurée, mi-excitée, défaire la boucle de sa ceinture et la faire glisser hors des passants de son pantalon. Il la regarda une dernière fois en lui souriant, avant de se saisir de ses jambes et de les relever à la verticale. Elle le fixait toujours mais son visage était devenu impénétrable, comme empreint d'une colère froide, comme s'il cherchait au fond de lui ce calme nécessaire à l'application de la cruelle sentence. Lui qui avait été si doux et si tendre avec elle quelques instants à peine auparavant... Elle préféra fermer les yeux et attendit que son châtiment se termine, soulagée.
Il n'avait pas frappé très fort, mais très rapidement. Finalement, cela n'avait pas été si difficile à endurer... et il la serrait à nouveau dans ses bras, son grand Monsieur si tendre et si aimant ! Il l'embrassait, il lui disait qu'elle était pardonnée... et elle était heureuse, tout simplement heureuse. Elle se tenait sur la pointe des pieds pour essayer d'atteindre sa bouche mais elle n'y parvenait pas et cela le faisait rire. Il fallait qu'il la porte et ils riaient ensemble, de plus belle.
Il partit alors pour une très longue journée de travail. Ils ne se retrouvèrent pas pour déjeuner et la journée lui parut, à elle, interminable... Elle retrouva ses marques dans cette grande ville où elle avait habitée autrefois, fit le tour des boutiques qu'elle aimait mais dont certaines avaient disparues. Elle rentra en milieu d'après-midi pour avoir le temps de se faire belle et de se préparer à recevoir son Seigneur, le soir venu. Il lui avait promis de rentrer tôt mais ce n'est qu'à 19 h passées qu'elle reçut enfin un message de sa part.
« J'arrive dans 15 minutes. Tu peux laisser la porte entrouverte et m'attendre sagement à genoux en pensant à moi, si ton humeur est soumise et que ça te fait plaisir... ».
Bien sûr que cela lui ferait plaisir ! 15 minutes... elle avait encore un peu de temps devant elle. Elle s'était plongée dans la lecture d'un livre qu'il lui avait expliqué avoir joué un rôle fondamental dans la construction de son fantasme et elle voulait absolument en savoir plus... C'est alors qu'elle entendit sonner à la porte . Mince, mais ça ne fait pas 15 minutes !!! Elle se précipita pour ouvrir la porte et se jeta dans les bras de son grand Maître. Elle avait commise de nombreuses fautes : elle n'avait pas entrouvert la porte, elle portait encore ses sous-vêtements, elle n'avait pas mis ses chaussures à talons et elle ne l'attendait pas à genoux... Il rajouta même comme faute qu'elle ne lui avait pas servi son whisky (mais même s'il lui avait demandé de lui en servir un la veille, jamais il n'avait précisé qu'elle devait le faire tous les soirs... la vie de soumise est parfois bien compliquée!). Il devait donc être très en colère après elle, mais il n'arrêtait pas de sourire et elle n'arrêtait pas de rire en retour, en le serrant dans ses bras. Elle n'était pas du tout dans un esprit de soumission. Son bonheur à le retrouver éclatait en rires et en baisers et cela semblait l'amuser, lui aussi, au moins un peu...
Au bout de quelques minutes, il essaya de la canaliser en énumérant toutes ses fautes et en lui ordonnant d'aller se préparer pour recevoir, cette fois dignement, son Seigneur (et recevoir la punition qu'elle venait amplement de mériter...). Elle s'exécuta rapidement et s'agenouilla devant le fauteuil où il avait pris place. Il lui tendit sa main droite, celle qui devait la châtier, afin qu'elle l'embrasse et la lèche. Mais il la fixait de ses yeux rieurs et elle n'arrivait pas à se concentrer sous ce regard-là. Elle l'implora de ne pas la regarder ainsi mais rien n'y fit et elle dû rassembler tout ce qu'il lui restait de courage et d'humilité pour parvenir à faire l'exercice qu'il se plaisait malicieusement à faire durer...
Quand il fût satisfait et jugea qu'elle se trouvait enfin dans l'état d'esprit de soumission qui convenait à sa punition, il lui demanda d'aller chercher la brosse, l'instrument qu'elle craignait par-dessus tout. Elle la rapporta et la lui donna, sans dire un mot. Elle avait terriblement mal au ventre, à présent.
La fessée commença à la main, directement sur ses fesses nues. Comme elles n'avaient pas totalement récupérées de la fessée du matin, elle en ressentit la douleur très rapidement. Mais il ne tarda pas à attraper la brosse et reprendre la fessée avec ce terrible instrument, qui a chaque impact créait une douleur profonde et intense. Par réflexe, elle essaya d'interposer ses mains mais il les lui attrapa et les maintint fermement dans son dos. Ses jambes se mirent à trembler sans qu'elle n'arrive à les contrôler...
« Tchut... Amandine, je suis là, tu ne risques rien », lui murmura-t-il doucement à l'oreille.
Ses tremblement se calmèrent et la fessée reprit son cours. Il procédait par séries de dix ou vingt coups et lui demandait de les compter et de l'en remercier, mais il allait si vite qu'elle avait un peu de mal à suivre.
Il s'arrêta enfin et lui dit...
« Tu vas te mettre au coin, dans la chambre, et ne pas en bouger. Je veux que ton nez soit collé au mur. Je vais te regarder et profiter du spectacle... Tu as bien compris (*) ? »
Elle ne répondit rien mais se précipita dans la chambre, trop heureuse d'échapper à l'instrument maudit. Elle avait l'air ridicule, elle en était certaine, mais elle espérait néanmoins que ce moment de répit dure le plus longtemps possible. C'est donc à regret qu'elle l'entendit énoncer, à peine quelques minutes plus tard, son..
« Viens ici ! ».
Il était assis sur le lit et tenait la brosse dans sa main. Elle fit une grimace et retourna s'allonger sur ses genoux, la mort dans l'âme. La fessée reprit, et avec elle son compte infernal...
Lorsqu'il jugea sa peine suffisante, il la releva et l'embrassa.
« On va dîner ? » lui demanda-t-il en lui souriant. Elle se rhabilla et s'accrocha à son bras. Elle se sentait comme dans du coton et ce n'était pas facile de suivre sa marche rapide, juchée sur des talons de 10 cm. Il l'emmena dans un restaurant bar à vin. On les installa dans une petite salle qui ressemblait à une cave en pierre, où ils étaient absolument seuls. C'était un endroit très romantique qu'elle aima du premier coup d'œil. Il s'amusa à leur commander du vin blanc parce qu'elle lui avait dit que ce breuvage la rendait très amoureuse... à condition qu'elle n'en boive pas trop! Ce fût un moment heureux, calme et serein. Il lui parla un peu de son travail, humaniste et passionnant. Elle l'écouta, ravie et fière de la confiance qu'il lui faisait en la laissant pénétrer ainsi dans son univers.
Ils rentrèrent à l'hôtel où elle lui prouva une nouvelle fois sa soumission. Ils firent l'amour, tout en douceur. Alors qu'ils commençaient à sombrer dans le sommeil, il lui dit « Je t'aime ». C'était la première qu'il prononçait ces mots. Il les avait écrit, mais jamais dit. Elle était heureuse et personne au monde n'aurait pu l'être davantage...
(à suivre)
(*) Pour ceux qui s'interrogeraient sur le fait que ce grand Monsieur dise toujours « Tu as bien compris ? », il faut dire qu'Amandine souffre réellement d'une mauvaise audition et que son grand Maître adoré s'assurait ainsi qu'elle avait bien entendu ce qu'il lui demandait de faire... Il était juste et équitable, ce grand Monsieur. Jamais il n'aurait voulu la punir pour une désobéissance qui n'en aurait pas vraiment été une ! :-)